Le 18 septembre 2025 marque le 104ᵉ anniversaire de la République du Rif, proclamée par Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi après la victoire éclatante des Rifains lors de la bataille d’Anoual. Bien que cette expérience n’ait duré que quelques années (1921–1926), elle reste un jalon majeur de l’histoire mondiale des luttes anticoloniales et un symbole de dignité et de souveraineté pour les Rifains et au‑delà.
⚔️ La bataille fondatrice d’Anoual (1921)
La bataille d’Anoual (22 juillet 1921) fut un tournant. Malgré des moyens limités, les combattants rifains infligèrent une défaite écrasante à l’armée coloniale espagnole. Cet événement, décrit par de nombreux historiens comme une « onde de choc », révéla que les puissances coloniales n’étaient pas invincibles.
Cette victoire lança le projet d’Abdelkrim : transformer une résistance populaire en projet politique organisé, capable de dépasser la lutte armée pour construire un État moderne.
🛡 La République du Rif : un projet d’État moderne
Entre 1921 et 1926, la République du Rif se dota d’institutions inédites pour l’époque dans la région :
- un gouvernement structuré et des conseils nationaux ;
- une organisation judiciaire ;
- une administration locale efficace ;
- une fiscalité destinée à financer la résistance.
L’objectif était clair : dépasser les divisions tribales et instaurer une identité commune. Ce projet plaçait le Rif dans une dynamique de modernité, rare dans un contexte colonial oppressif.
☠️ La coalition coloniale et la chute (1925–1926)
Le succès grandissant de la République inquiéta l’Espagne et la France. Dès 1925, une coalition franco‑espagnole, avec l’appui du Makhzen, lança une campagne militaire massive. Elle se caractérisa par l’usage de moyens modernes, y compris des gaz toxiques contre les populations civiles rifaines.
En 1926, Abdelkrim se rendit afin d’éviter un carnage prolongé. Déporté à La Réunion, puis installé au Caire, il continua d’incarner l’idéal anticolonial jusqu’à sa mort en 1963.
🌍 Une inspiration mondiale
La République du Rif ne fut pas seulement une expérience locale : elle inspira des mouvements de libération à travers le monde. Parmi eux :
- Hô Chi Minh au Vietnam ;
- Ferhat Abbas en Algérie ;
- des figures de la révolution cubaine, dont Fidel Castro.
Ce qui fit école, ce n’était pas uniquement la victoire militaire, mais la méthode : organisation locale, discipline, structuration politique et la conviction que « les dominés peuvent inverser le rapport de force ».
✨ Héritage et questions contemporaines
Cent-quatre ans plus tard, la République du Rif demeure un symbole puissant. Mais elle pose aussi des interrogations :
- Pourquoi cette expérience reste‑t‑elle marginale dans les récits historiques officiels ?
- Comment transformer cet héritage en levier de justice sociale et de développement durable dans le Rif ?
- Quelle place donner à ce pan de l’histoire dans l’éducation et la mémoire collective au Maroc ?
Le message reste universel et intemporel : la liberté ne se donne pas, elle s’arrache.
