Répression des opposants au Maroc : un communiqué des organisations politiques et associations maghrébines en Europe et au Canada

Ces dernières années, la répression des opposants politiques au Maroc s’est intensifiée, visant particulièrement les militants des droits humains, les journalistes indépendants, ainsi que les blogueurs et activistes sur les réseaux sociaux.

Des figures emblématiques de la lutte pour la liberté d’expression et la justice sociale sont aujourd’hui poursuivies ou emprisonnées pour avoir dénoncé la corruption, les abus de pouvoir et l’absence de réformes démocratiques réelles. Parmi eux, des militants engagés dans des causes majeures comme la défense des droits du peuple rifain, la libération des détenus du Hirak du Rif, et la protection des libertés fondamentales au Maroc.

Face à cette escalade répressive, plusieurs associations et organisations maghrébines en Europe et au Canada se mobilisent et dénoncent la situation à travers un communiqué conjoint. Ce document met en lumière les récentes condamnations arbitraires et appelle à la libération immédiate des prisonniers politiques au Maroc, notamment ceux du Hirak du Rif et des militants des droits de l’homme.

Rif Connect vous propose de découvrir ce communiqué dans son intégralité, en français et en arabe, afin de porter cette voix au plus grand nombre et sensibiliser l’opinion publique internationale sur la gravité de la situation.

📜 Communiqué en Français :

Nous, les soussignés, suivons avec une profonde inquiétude l’accélération de la répression et des poursuites judiciaires arbitraires qui visent les voix opposées et critiques des politiques de l’État marocain. Nous sommes consternés par l’intensification de la répression systématique exercée par les autorités publiques contre les opposants politiques, les militants des droits humains et de la société civile, les journalistes ainsi que les blogueurs sur les réseaux sociaux.

À cet égard, nous nous joignons à toutes les voix libres, nationales et internationales, pour dénoncer ces campagnes répressives qui constituent une violation flagrante des droits fondamentaux de l’homme reconnus à l’échelle internationale et qui sont en contradiction avec les principes démocratiques.

Les cas qui suscitent notre indignation comprennent notamment :

  1. La condamnation de l’activiste des droits humains, Fouad Abdelmoumni, président de l’Instance marocaine de soutien aux prisonniers politiques, à six mois de prison ferme pour une simple publication sur Facebook. Ce verdict représente une atteinte grave à la liberté d’expression et d’opinion, des droits garantis par tous les pactes et conventions internationales des droits humains ratifiés par le Maroc. Son emprisonnement et son procès s’inscrivent dans une longue série de répressions visant toute personne revendiquant les droits fondamentaux et la dignité humaine.
  2. L’alourdissement de la peine du militant civique Said Aït Mehdi, défenseur des victimes du séisme dans la région d’Al Haouz, passant de trois mois à une année de prison ferme, ainsi que des peines sévères prononcées contre trois autres accusés dans la même affaire.
  3. Le maintien en détention des blogueurs anti-normalisation Redouane Ksstite et Mohamed Boustati.
  4. L’arrestation de la jeune fille Malak Tahiri (13 ans) et de sa famille, uniquement en raison de leur appartenance à la famille de Hicham Girando, propriétaire de la chaîne « Challenge », poursuivie pour avoir dénoncé des dossiers de corruption au sein des institutions de l’État.
  5. La condamnation du militant Youssef Bensabahia, vice-secrétaire général de l’Association marocaine des droits humains, à une peine d’un an avec sursis et une amende de 110 000 dirhams.

Nous considérons que ces procès politiques ne sont qu’une tentative flagrante et manifeste de museler les voix libres et de vider la lutte politique et des droits humains de sa substance. La persistance de ces politiques répressives entrave l’évolution du pays et freine le véritable processus de transition démocratique auquel aspire le peuple marocain.

Face à l’escalade de la machine répressive et à l’instrumentalisation de la justice et des services de sécurité pour faire taire toute opposition et toute contestation face aux politiques autoritaires et corrompues de l’État, nous appelons à :

  • La libération immédiate de tous les prisonniers politiques, en particulier les détenus du Hirak du Rif, les militants des droits humains, les blogueurs et tous les prisonniers d’opinion au Maroc.
  • La cessation de toutes les formes de poursuites judiciaires arbitraires à l’encontre des militants des droits humains et des opposants politiques.
  • La garantie de la liberté d’expression et de réunion pacifique, conformément aux engagements internationaux en matière de droits humains.
  • Le respect des droits humains, tels qu’inscrits dans les conventions internationales ratifiées par l’État marocain.

Nous affirmons que la poursuite de ces politiques répressives ne fera qu’aggraver la crise politique et des droits humains au Maroc. Nous appelons les autorités marocaines à cesser d’instrumentaliser la justice et les forces de l’ordre pour réprimer l’opposition et à œuvrer pour la construction d’un État respectueux des droits de ses citoyens, leur garantissant une vie digne et libre.

Nous réaffirmons notre engagement à soutenir la lutte pour les droits humains et la démocratie au Maroc. Nous ferons entendre notre voix au sein des institutions européennes et dans divers forums et médias internationaux pour dénoncer ces violations. Enfin, nous affirmons que la lutte pour la liberté et la dignité ne s’arrêtera pas, et nous resterons fidèles aux valeurs de justice et d’égalité que nous défendons.

Signataires :

  • Centre Euro-Méditerranéen pour la Migration et le Développement – Pays-Bas
  • Association des Travailleurs Marocains aux Pays-Bas (KMAN)
  • Association Marocaine des Droits Humains – Maroc
  • Parti Socialiste Unifié – Pays-Bas
  • Parti Annahj Addimocrati Al Aamali – Région Europe de l’Ouest
  • Fédération de la Gauche Démocratique – France
  • Initiative Marocaine des Droits Humains – Pays-Bas
  • Association Marocaine des Droits Humains – Section Belgique (Comité de Présidence)
  • Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF)
  • Association des Marocains en France (AMF)
  • Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens en France (UTIT)
  • Comités pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie
  • Ligue Algérienne pour la Défense des Droits Humains (CS-LADDH)
  • Association des Haratins Mauritaniens en Europe (AHME)
  • Fondation Mehdi Ben Barka – France, Mémoire Vivante
  • Coordination de Solidarité entre les Peuples de la Méditerranée – Espagne
  • Association pour la Défense des Droits Humains au Maroc – France (ASDHOM)
  • Riposte Internationale pour la Défense des Droits Humains – France (RIPOSTE)
  • Collectif des Rifains-es d’Europe
  • Coordination Européenne du Forum des Droits Humains du Nord du Maroc
  • Ali Ben Saad, Professeur de Sciences Politiques à l’Université de Paris
  • Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux
  • Observatoire Marocain des Libertés Publiques
  • Fédération des Tunisiens Citoyens des Deux Rives (FTCR)
  • Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF)
  • Forum Marocain des Alternatives Sud – Canada

📍 Amsterdam, le 6 mars 2025
📧 Contact : emcemo1@gmail.com | Tél : 020-4288825

📜 البيان باللغة العربية :

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